C’est d’abord le titre de l’album qui surprend. Habituellement chez Bertrand Betsch, on traite les idées noires (La soupe à la grimace, Pas de bras, pas de chocolat), on regarde de travers (B.B. Sides), ou bien on se fait plutôt discret (Fonds de cale, Je vais au silence, La nuit nous appartient). Seul son disque sorti en 2007, La chaleur humaine, se permettait d’avoir un titre plus enthousiaste que les autres.
Aujourd’hui il dévoile La Vie Apprivoisée, et c’est dès la première chanson (La beauté du monde), qu’il exhale sa joie de vivre. Il l’a déjà fait par le passé, mais laisser passer la lumière enfouie sous un tas de tourments dans les chansons de Bertrand Betsch, n’était pas chose aisée (Toute ma vie dans tes bras, Ce ventre là).
C’est en 1996 que Bertrand Betsch a sorti son premier disque (La soupe à la grimace, qui bénéficiera probablement d’une réédition anniversaire avec des reprises). Des galères il en a connu, des succès un peu moins (bien qu’éphémères, avec le passage en radio du single Pas de bras, pas de chocolat en 2004 et une nomination au Prix Constantin). Succès d’estime affirmé, tout pouvait sourire à Bertrand Betsch, qui au fil des années, aiguise son style. Et pourtant, même si un noyau dur d’admirateurs le suit, le grand public ne s’y frotte pas.
Les chansons de La Vie Apprivoisée vous tendent les bras, vous serrent même fort, jusqu’à vous mordre la peau (Où tu vas). Ce sont des textes qui ont traversé les années (certains ont été écrits en 1993) et qui sont sans doute plus éclatants aujourd’hui, une fois les étapes de la vie passées (Tomber trois fois dans la difficulté / Tomber trois fois toujours se relever).
Aujourd’hui, l’heure est même aux merci (Merci). Cette chanson, peut faire écho au titre du même nom sorti par Jeanne Cherhal sur son album L’eau.
Pour dire que rien n’est vain
Qu’il faut suivre le chemin
Que jamais rien n’est perdu
Qu’on a encore rien vuPour le meilleur à venir
Pour le cadeau d’un rire
Pour toujours t’entendre dire
Le meilleur est à venir
L’album mixe passé et expériences nouvelles : Où tu vas est aussi animal que La complainte du psycho-killer (Mords moi de tout de façon / Je suis déjà mort plusieurs fois). Du vent dans mes mollets, est extrait d’une bande originale du film du même nom. Bertrand Betsch s’était aussi illustré dans la réalisation de la BO du film 2 Automnes et 3 Hivers réalisé par Sébastien Betbeder.
La voix presque soufflée des premiers albums laisse place à un chant plus incisif. Avec cet album, la joie et l’ivresse semble avoir pris le dessus sur la souffrance. Mais Bertrand restera Betsch, et comptez sur lui pour faire chanter les maux. Dans Les inséparables, comme prêt à tomber, il chante : Je n’ai que toi / Pour me remettre droit.
Les titres sont furtifs comme des instants de vie qu’on ne souhaite pas laisser s’échapper, mais qu’il est difficile de saisir. Trente six minutes, pas plus : c’est aussi court qu’un moment de bonheur. Il faut attendre la toute fin du disque pour entendre deux mots : Je reviendrai.
Nous serons là.
Last modified: 26 octobre 2016