2014 Albums/EP

Le Prince Miiaou – Where is the queen?

Le Prince Miiaou – Where is the queen?

Le Prince Miiaou - Where is the queen?

Corrigeons tout de suite cette erreur de titre, et nommons le quatrième album du Prince Miiaou par son vrai nom :

“where is the queen?”
“who is asking?”
“I can not tell”
“she’s gone”
“gone where?”
“just gone…”

Écouter un nouvel album du Prince Miiaou, c’est un vrai rituel pour moi. Depuis le coup de foudre sur scène en 2010, en première partie de Benjamin Biolay, et la découverte de ses deux premiers albums, l’indomptable Nécessité Microscopique et le furieux Safety First, mon coeur bat plus fort devant les princes munis de griffes.

Pour son quatrième album, elle n’a pas été filmée caméra au poing comme pour Fill the blank with your emptiness. Elle a d’ailleurs failli tout lâcher. Elle est partie à New York, seule pendant quelques mois, et s’est vite remise à composer. De retour des USA, elle se cloître dans son village de Vendée, pour remettre tout ça en ordre. Ou pour créer un joli désordre.

Le Prince Miiaou

Autant être direct, l’album m’a déçu à la première écoute. J’aurai souhaité des titres en français : ils ne sont pas là. Je vais être paradoxal, mais je les ai trouvés à la fois lisses et inaccessibles. Il y’a eu aussi un sentiment de peur et de mal-être qui a pris le dessus. Mais Le Prince Miiaou n’est pas une artiste à qui je vais tourner le dos si facilement. Je ré-écoute. Deux fois. Quatre fois. Dix fois. Vingt fois. Plus.

Happy Song for Empty People, sorti en fin d’année 2013, est comme un grand exutoire. Les instruments se livrent une grande bataille (on dit bonjour la batterie). La voix elle, est plus franche. L’atmosphère devient presque orageux en fin de morceau. Dans le clip, Maud Elisa semble effrayée par l’idée de monter sur scène. Elle fait même marche arrière, mais est trainée derrière le micro.
Cela reflète très bien son esprit quand on sait la jeune chanteuse angoissée. Qui a déjà vu l’artiste sur scène, sait ce que veut dire « ongles rongés » « regard perdu » « corps fébrile ». Et pourtant, à chaque fois sur le fil, elle excelle.

Dès le deuxième titre, sa voix diffère. Plus douce, mais pas moins prenante, on reconnait tout de suite la patte du Prince : l’émotion. Elle vit chaque mot, son interprétation transpire la sincérité. Des parasites viennent perturber le cours de ses compositions, rendant chaque titre unique et difficilement mémorisable. Sur Hulrik, une petite voix extra-terrestre fait son apparition.

La voix déformée, sonnant presque comme un alien est le fil rouge de l’album. On la retrouve dans plusieurs titres, parfois flippante (JFK) ou même mi-humaine (Aliénore).

Le Prince Miiaou © Emmanuelle BrissonLe Prince Miiaou © Emmanuelle Brisson

C’est d’ailleurs Aliénore qui est pour moi le sommet de l’album. Et l’ovni. Sa construction renvoie à son premier album, Nécéssité Microscopique, où Le Prince Miiaou expérimentait plein de choses. Ses textes chantés et parlés en français mélangeaient toutes sortes d’idées. Elle listait notamment quelques mots du dictionnaire sur le titre Fishing Out. Ces titres là sont pour moi les plus forts.

Ici, sur Aliénore, une voix humaine trafiquée nous laisse un message. En tendant l’oreille, on imagine une personne âgée (sa grand-mère ?) s’adressant à elle. La discussion qui s’avère être une simple conversation téléphonique est stoppée par un chant venu d’en haut. Court mais puissant, les frissons sont là.

Everything is so quiet
When the wolves ain’t screaming
When the world is sleeping
Everything is so quiet

Le disque est noir, parfois inquiétant (Crystal Haze), mais des flash de lumières apparaissent rendant ce noir réfléchissant. Les mélodies brillent et la voix fait tout voler en éclat. Des ambiances antinomiques flirtent entres elles au sein d’une même chanson.

Elle entrecoupe ses compositions afin que celles-ci ne suivent pas un chemin classique. Toujours pris par surprise, nous ne sommes pas lassés, comme-ci Maud Elisa ne voulait pas s’ennuyer à interpréter ses titres des dizaines de fois sur scène. Alors elle crie, scande, se révolte, bidouille, trafique.

La liberté et la diversité de Safety First semblent s’être envolées. L’album est plus cadré, mais ne comptez pas sur Le Prince Miiaou pour tourner en rond. L’autodidacte qu’elle est expérimente, avance et fonce, à contre courant de ce qu’on pourrait attendre d’elle, et peut-être de ce qu’elle voudrait faire aussi.

Le Prince Miiaou sera sur scène au Café de la Danse le jeudi 13 mars. Là où elle avait fait des étincelles il y’a maintenant deux ans. Nul doute que la reine sera leur scène ce soir là.

Ecoutez l’album

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