Bertrand Betsch – La nuit nous appartient
BRAVO À ARNAUD C. DE CLERMONT QUI REMPORTE LE DOUBLE ALBUM DE Bertrand Betsch !
–
Bertrand Betsch est un artiste qui compte beaucoup dans ma bibliothèque musicale. Grâce à son album Pas de bras, pas de chocolat, sorti en 2004, j’ai appris à écouter la musique différemment. Je peux aussi souligner La soupe à la grimace (sorti en 1997), ou encore La chaleur humaine qui ont été à chaque fois des coups de cœur. Bertrand Betsch est un artiste productif : il a publié huit albums en seize ans, sans compter les nombreux inédits (plus de 150 titres !). Et pourtant c’est un artiste qui se fait trop rare sur scène. Le succès n’est pas forcément au rendez-vous, malgré des admirateurs indéfectibles.
Lundi soir il est donc venu présenter son dernier album, un double : La nuit nous appartient, à Ciné 13. C’est un théâtre intimiste niché en haut de Montmartre, surplombé par le Sacré Coeur. Des retrouvailles familières avec un chanteur qui m’accompagne depuis maintenant dix ans.
20h. Les lumières s’éteignent et la voix de BB résonne lisant un poème. Difficile de comprendre le sens global, mais quelques phrases viennent nous frapper comme le font les textes de ses chansons. Il descend ensuite quelques marches, soufflant dans un mélodica, instrument que l’on retrouve dans beaucoup de ses titres. Cœur qui bat. Frissons. Sur scène, il est rejoint par un guitariste, un bassiste (qui fera des étincelles au thérémine et à la violoncelle) ainsi que par Audrey Betsch pour les choeurs.
La setlist d’une quinzaine de titres qu’il nous présente ce soir parcourt sa discographie et met en avant les chansons de son dernier album.
Tu entends la pluie
Qui rit aux éclats
Qui se rie de toi
Décidement, tu n’aimes pas la pluie
La vie est souvent noire chez BB, même si d’autres couleurs font leur apparition (Le bleu du ciel, poignant). On se laisse la première fois écraser par les 26 titres. On se noie, privé de nos repères, dans des titres qui, au premier abord, se confondent les uns aux autres. Puis en les ré-écoutant, on les attrape un par un, en plein vol. Les mélodies, apparentées simplement à la guitare sèche, se révèlent bien plus espiègles au fil des écoutes. C’est d’ailleurs sur scène que l’on se rend compte du nombre d’instruments nécéssaires pour faire vivre les titres de La nuit nous appartient.
L’amour c’est nos sourires tremblés
C’est nos membres emmêlés
C’est le silence abolit
Des petits cris dans le lit
L’amour c’est mordre à l’hameçon
S’ouvrir à l’abandon
Des textes viennent frapper plus que d’autres. Amour par exemple qui tente de définir l’amour, faisant écho au titre suivant Le passage à niveau.
Est-ce qu’on se souviendra
Est-ce qu’on se survivra
Est-ce que nos yeux s’ouvriront
Sur quelle horreur sur quel bastion
Est-ce qu’on se souviendra
De qui de quand de quoi
Est-ce qu’on reviendra
Dans quel esprit dans quel état ?
Peu de titres punchy, mais les rares qui répondent à l’appel méritent leur place : La nuit nous appartient (qui donne son titre à l’album) ou Bruxelles. J’aimerai que tu me dises, le premier single, est la parfaite définition du tube musical, et fait partie des titres que l’on peut aimer pour son rythme effréné semblable à une comète et 3/4 mots piochés au hasard (la toile déchirée du ciel…).
Des invités se joignent à BB : Clarika (A la verticale), Nathalie Guilmot (Attendre, ) et Audrey Betsch (Amour, Je ne fais que passer).
Sur scène, BB intimide, autant qu’il l’est. Sa technique pour cacher cela est de tourner en dérision ses chansons « pas très joyeuses ». Il échange sa guitare sèche pour un vieux synthé rouge qui l’aidera notamment à interpréter Tournicotons, extrait de son premier album.
Intimes, noirs, parfois blancs, et surtout universels, les textes de BB n’ont rien à envier à ceux de ses cousins Florent Marchet ou Bertrand Belin. Sa musique pourrait résonner à la radio. Venez, approchez votre oreille. BB vous tend la main. Prenez la, et laissez vous guider dans le noir.