Wondrous Bughouse c’était l’album que j’attendais le plus dernièrement. Youth Lagoon m’avait bouleversé avec son premier album, The Year of Hibernation. Rempli de grâce, il fait parti de mes disques de chevets. Je ne parle pas de son concert au Point Ephémère l’an passé le jour de mes 26 ans, qui m’a conforté dans mon idée que le jeune chanteur de l’Idaho est, selon moi, un petit prodige.
Cette année, aussi le jour de mon anniversaire, Youth Lagoon a dévoilé son album en écoute streaming. Sueur, excitation, stress. Je ne voulais pas être déçu. Les deux premiers singles, Dropla et Mute, m’ont littéralement emporté. Les titres se détachent de son premier album par une orchestration beaucoup plus étoffée. Ils n’en gardent pas moins une grande émotion.
Pour la première fois sur Pinkfrenetik.com, je vais parler des chansons de l’album une par une. Je n’ai pas trouvé d’autres moyens pour dire ce que je ressens de Wondrous Bughouse. Mes sentiments changent de jour en jour, mélangeant interrogations, coup de coeur, émotions, déception, frisson.
Through Mind and Back.
Pour son second album, Youth Lagoon est parti dans une quête de compréhension de l’esprit et de la psyché humaine. Vaste sujet. Sur ce morceau instrumental, on assiste à plein d’expérimentation sonores. Ca me rappelle IRM de Charlotte Gainsbourg, et ses bruits radioscopiques. Une entrée en matière que j’ai appris apprécier avec le temps, et qui s’enchaîne parfaitement avec le second titre.
Mute
Voici le deuxième single de l’album. Mute est un morceau beaucoup plus étoffé que les titres de The Year of Hibernation. Les instruments se distordent légèrement, la voix de Trevors Power est beaucoup plus mise en avant. Ce que j’aime c’est que le titre ne semble pas suivre un chemin tracé. Mute s’étire dans le temps, et vers la fin, quelques notes de piano viennent embraser le tout.
Attic Doctor
Les choses se compliquent. Je commence à saisir que Youth Lagoon expérimentera pleins de choses au sein de sa drôle de maison. Hallucinations sonores, parasites, voix étouffée, il semble vouloir retranscrire ce que l’esprit humain a de plus mystérieux. Personnellement, je pense à du Animal Collective (et ce n’est pas une réussite pour moi). Je ne suis pas touché.
The bath
Aux première notes, on a l’impression d’entendre Cannons, extrait du premier album. C’est sûrement son frère jumeau que l’on entend ici. Quelques couches instrumentales supplémentaires viennent montrer que Youth Lagoon ne refait pas The Year of Hibernation 2. Jolie première partie, tout en pudeur. J’ai eu du mal à rentrer dans ce titre au départ, mais il fait parti de mes préférés aujourd’hui. A 2’00, les esprits s’échauffent, les troubles sonores prennent le dessus. La voix de Youth Lagoon, se perd dans ses délires et revient petit à petit à la vie en fin de morceau.
Pelican Man
L’univers continue à se déformer, et malheureusement ça m’irrite un peu, ce qui fait que je reste un peu en dehors. Mais à partir de 00’50, l’énergie est là, et on se laisse envelopper. Sa voix est un peu plus flippante que sur son premier album : moins fragile, plus directe.
Dropla
Le classique, le coup de coeur. Le morceau qui m’a fait penser que Youth Lagoon partait dans une nouvelle direction, tout en restant lui-même. Qu’il étoffait ses chansons, sans leur enlever force et émotion. La phrase You’ll never die n’aura jamais été dit de façon aussi émouvante. Je suis fan de l’instrumental à la fin, du morceau qui s’étire, comme de l’inconscient qui dure, et du conscient qui a du mal à refaire surface.
Sleep Paralysis
Alors voilà un morceau sur lequel je bute. Après Dropla, la chute est grande. C’est sa voix qui est paralysée ici ? A partir de 1’45 le titre semble prendre son envol… la voix est mieux. Mais clairement c’est trop le bordel, trop brouillon. J’ai toujours associé Youth Lagoon au travail d’orfèvre, et ici, c’est tout le contraire que je ressens.
Third Dystopia
Derrière ce gros brouhaha, se cache des mélodies similaires aux morceaux de The Year of Hibernation. On a bien compris que Youth Lagoon voulait nous emmener dans un monde un peu plus bancal, mystérieux, inconnu. Les instruments carillonnent, la voix s’intensifie. Third Dystopia avait du mal à me toucher au départ, ce n’est plus le cas désormais.
Raspberry Cane
Avant dernier morceau de l’album. Déjà ! Seulement dix morceaux, mais qui font en moyenne plus de cinq minutes. Le titre semble être un peu farfelu, prend lui aussi un chemin singulier, sans trop vraiment savoir quelle sera la chute. On divague, on se laisse aller. C’est un peu les montagnes russes. Les couches musicales se succèdent, s’étoffent, disparaissent, faisant de Raspberry Cane le titre le plus mystérieux de Wondrous Bughouse.
Daisyphobia
Je trouve ce dernier titre dispensable. Youth Lagoon semble lui prendre son pied, mais en aucun cas ne fait partager son plaisir. Un titre que je zappe, systématiquement. Dommage The Hunt clôturait si bien The Year of Hibernation.
Séduits au départ par les singles Mute et Dropla, j’ai été bousculé en écoutant l’album. Secoué dans tous les sens, perdants mes repères, et ayant l’impression d’avoir perdu de vue le chanteur que j’aimais il y’a deux ans.
L’album n’est pas si évident, il faut se laisser apprivoiser, même si le mal de cœur n’est jamais très loin. On se sent par un moment comme un gamin qui ferme les yeux et se bouche les oreilles pour rester dans son monde imaginaire. Je ne sais pas ce qu’adviendra cette drôle de maison avec le temps. Son pari d’explorer la métaphysique semble réussi ; l’album est cohérent. Trevor Powers est fidèle à lui-même : ses chansons finissent souvent pas s’élancer et briller. Contrairement à The Year of Hibernation, elles ne le font pas forcément de manière progressive. Mais personnellement, je suis moins touché par rapport au premier album. J’attends tout de même avec hâte sa venue en France, et qu’il me bouleverse, une fois de plus.