Ils auraient pu sortir leur deuxième album dans la foulée du premier, ou juste après leur tournée, mais c’est bien quatre ans qu’il aura fallu attendre. Mené par le charismatique Zachary Cole Smith (ex-batteur des Beach Fossils, à l’époque où l’on trouvait aussi le bassiste John Peña, devenu Heavenly Beat), Diiv dévoilait Oshin, son premier album en 2012.
Guitares appuyées, mélodies éthérées et voix plein de reverb’, les titres de ce premier effort ne laissaient pas indifférent. Des plages instrumentales parcouraient le disque (Druun, Druun Pt. II) alors que d’autres titres sonnaient comme des évidences (How Long Have You Known, le sommet Doused).
Pour qui a vu le groupe lors de sa première tournée, impossible d’oublier la puissance vertigineuse des titres sur scène, tout comme les fringues beaucoup trop grandes que portait Zachary Cole Smith.
Une relation sentimentale exposée publiquement et quelques déboires plus tard, Zachary Cole Smith et sa bande offre dix sept titres en plein cœur de l’hiver. Dix sept ça peut vite paraître barbant. Sauf si le disque respire, qu’il s’engouffre dans des voies que l’on pourrait croire sans issue, et qu’il nous attrape par le col pour nous emmener sur la piste. Et c’est ce que Is the Is Are offre : une plongée dans l’univers bipolaire de Zachary.
La voix, toujours soutenue par des lignes de guitares qui font tourner la tête, est plus claire. Certains titres sont des classiques dès la première écoute : Dopamine aurait pu être un titre repêché du premier disque. Bent (Roi’s Song), est le morceau le plus évident du disque : beaucoup plus pop et solaire, impossible de sombrer. Son frère opposé, Mire (Grant’s Song), arrive sept titres plus tard, où Diiv dévoile un côté plus sombre et noisy mais tout aussi ravageur. La longue introduction laisse place à la voix du chanteur, revenue pourrait-on penser, de quatre années difficiles.
On pourrait piocher dans Is The Is Are comme on parcourt une longe discographie d’un artiste. Or Diiv n’en est qu’à son deuxième album, et démontre déjà une variété mélodique à faire saliver plus d’un groupe. Sky Ferreira rejoint la bande sur le titre Blue Boredom (Sky’s Song), où la voix fantomatique de la chère et tendre du leader se fond dans les nappes mélodiques.
La mélancolie de Take Your Time ou Healthy Moon pourrait arracher quelques larmes : laissons les couler, elles sécheront pendant que nous danseront sur les autres titres.
Le groupe devenu un pilier du label Captured Tracks, sera en tournée Européenne au printemps prochain et passera à Paris le 6 avril à la Flèche d’Or.