Au milieu de l’été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu’ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l’absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu’ils ont aimée.
Tous les ingrédients sur le papier sont là pour me plaire. Berlin, Paris, de la bonne musique, beaucoup de mélancolie, quelques touches d’allégresses pour ne pas sombrer. Elle était là la difficulté pour moi : ne pas être déçu face à ce qui allait s’annoncer comme un coup de cœur évident.
Ce sentiment de l’été c’est un film à deux têtes, trois étés et quatre villes. On suit donc Lawrence, petit ami de la jeune femme décédée et Zoé, sœur de cette dernière. Chacun à sa manière, va vivre le deuil tout au long de ces trois étés. Zoé (Judith Chelma / Camille Redouble) est vive, lumineuse, alors que Lawrence (Anders Danielsen Lie / Oslo 31 août) est plutôt renfermé, opaque. Ils sont différents mais vont traverser la même épreuve.
Pour ceux qui ont vu Memory Lane son premier long-métrage, il est évident que Mikhaël Hers tente de capter l’insaisissable. Comme dans un livre de Modiano, les gestes nous effleurent, les regards nous frappent. Les scènes se succèdent, mais surtout les sensations restent.
Les villes prennent la valeur d’un personnage devant la caméra de Mikhaël Hers. Son attachement aux lieux, à l’espace urbain, aux trottoirs, à l’aube qui éclaire la ville, aux murs est indéniable. Il filme les mêmes endroits dans ces quatre villes. Comme si les rues se faisaient échos, comme si le vent qui caressait les arbres était le même.
Les plages de piano parcourent tout le film. Une musique originale spécialement composé par le leader Tahiti Boy, qui était déjà derrière la musique de Memory Lane. Mikhaël Hers est avant tout un mélomane avant d’être un cinéaste. Il dit lui-même qu’il pourrait passer plusieurs jours sans regarder un film, mais pour la musique, pas question.
Une musique originale donc pour ce sentiment de l’été mais aussi des classiques et des coups de cœur sortis d’une boîte à souvenirs musicale (Aline, The Undertones, Pixies, Ben Watt, Blueboy). On retrouve aussi Mac Demarco au générique du film. Le réalisateur l’a découvert en plein tournage grâce à une amie qui travaillait sur le film. Coup de cœur, il a souhaité faire participer le chanteur de New-Yorkais à une des scènes du film : injecter du réel dans la fiction.
Le réalisateur aimerait que l’on se blottisse dans son film comme on se love dans une chanson : pari gagné.
La bande-originale sera disponible dès demain sur iTunes.
Anders Danielsen Lie Judith Chemla Mikhaël Hers
Last modified: 17 février 2016