Depuis que j’ai vu Deux jours, une nuit, difficile de dissocier la chanson La nuit n’en finit plus de Petula Clark du film des frères Dardenne. Et pourtant, c’est par la première phrase de la chanson, que Tommy Weber a nommé son nouveau film.
Paris, un soir d’hiver. Antoine, 20 ans, s’est mis en tête de partir voir la mer par le train du lendemain à 7h47. Avec seulement quelques euros en poche, il n’a pas de quoi payer son billet. Mais il a toute la nuit pour réunir la somme nécessaire ; une nuit entière qui s’offre à lui.
Dès le début du film, l’intrigue est posée : Antoine est fauché, mais il veut voir la mer. Il a donc une nuit pour trouver de l’argent et réaliser son souhait. Forcément, le spectacle de la nuit Parisienne va s’offrir à lui.
Antoine déambule dans le Paris des quartiers populaires et animés, comme Tom Schilling qui arpentait les rues Berlinoises dans le film, là aussi noir et blanc, Oh Boy de Jan-Ole Gerster.
Des rencontres surprises aux têtes-à-tête forcés, la nuit va alors transformer notre jeune homme ordinaire en héros noctambule. Sur son chemin une fille, un clodo, des vélos, une autre fille, un homo, un gâteau… Antoine va même s’improviser médecin, face à un Jacques Weber imposant. Les rencontres sont entrecoupées de face à face avec le spectateur où Antoine se livre en chansons. Des textes poétiques écrits par le co-scénariste Mohamed Kerriche.
Impossible de ne pas évoquer Aurélien Gabrielli, l’acteur qui interprète Antoine. Ne faisant pas l’unanimité auprès de l’équipe de casting, Tommy Weber a insisté pour voir son jeu théâtral, presque exagéré mais tellement touchant, évoluer devant sa caméra (lumineux dans la dernière scène). Le jeune acteur porte le film, rit, chante, se bagarre, tombe amoureux. En l’espace d’une nuit, Antoine nous fait vivre une vie.
Sans jamais être écrasé par le poids de ses prédécesseurs, Quand je ne dors pas respire les films de la Nouvelle Vague. Antoine, n’est certainement pas un prénom choisi au hasard, et le visage du jeune Doinel doit se refléter dans le monologue face au miroir.
Tourné en deux semaines, Quand je ne dors pas est aussi un film de potes. Ecrit, tourné et monté dans l’urgence, comparé aux délais traditionnels, la réalisation du film de Tommy Weber est à l’image de son acteur : fulgurant et touchant.
Quand je ne dors pas, je rêve !