Je n’avais pas ressenti ça depuis Spring Breakers. S’accrocher à son siège, transpirer, fermer les yeux, se retenir de crier.
5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l’alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…
Excepté que l’intrigue se passe à Berlin, rien ne me prédestinait à me ruer pour l’avant-première du film. Et pourtant, Victoria, c’est une scène. Une seule et unique scène de 2h14. Voilà, c’est un plan-séquence, et ce qui se déroule sous nos yeux pendant plus de deux heures, a été tourné en une seule prise ! Sans trucage, sans montage (excepté la musique pour quelques scènes).
Au début du film, on ne cligne même pas des yeux, on cherche une faille, un faux raccord, une lumière qui s’éteint. Mais rien. Alors on se laisse transporter par l’électro des clubs Berlinois. On suit Victoria, en sortie de boite, et comme elle, on fait la connaissance de quatre mecs. Berlin est une ville décomplexée, où nos limites sont sans cesse remises en cause. Une simple rencontre à Paris qui se transforme en crainte, devient excitante à Berlin.
La caméra traverse les rues, transperce le temps, car celui-ci devient souple. Même si la prouesse semble évidemment avant tout technique, le film ne serait rien sans ses acteurs.
Victoria est confrontée tout le long du film à un dilemme : faire équipe ou fuir. Mais elle parait plus déterminée que les mecs qu’elle a rencontré. Elle va même devenir le moteur du film, elle qui au départ s’était faite embarquer dans cette histoire.
La deuxième partie du film voit son rythme s’accélérer : de vraies montagnes russes émotionnelles. Les acteurs flirtent avec la drogue, l’amour, l’argent, la mort. Juste une toile blanche nous sépare d’eux, et nous avons pourtant l’impression de faire partie de l’histoire.
Deux scènes marquantes s’enchainent : l’euphorie dans un club tout d’abord, où les lumières stroboscopiques mitraillent des corps relâchés sur la piste de danse. La musique plutôt douce, contraste avec l’exaltation de la scène. S’enchaîne aussitôt une course poursuite, alors que le jour se lève à peine. L’excitation prend une autre forme : place à l’angoisse.
Au bout de 2h14, le jour à Berlin se lève enfin. Nous venons de vivre 2h14, en temps réel, avec les personnages : le temps est élastique.
Je vous conseille de ne pas regarder la bande-annonce ci-dessous (quoi trop tard ?). De rentrer dans un cinéma, prendre une place pour Victoria, et de vous laisser guider. Fureur de vivre ou envie de fuir ?
Avec Laia Costa, Franz Rogowski, Max Mauff, Burak Yigit, Nadja Laura Mijthab.