Ought : verbe auxiliaire indiquant l’obligation morale ou sociale mais aussi la qualité probable, raisonnable ou naturelle d’une action.
Si tu lis ces lignes, tu devrais écouter cet album. C’est pas moi qui le dit, mais le groupe. Enfin le nom du groupe plus précisément. C’est sur des lignes de guitares assez sèches que démarre l’album. Le chanteur, Tim Beeler, pousse un cri. Entrée en matière assez flippante. Et pourtant tu te dois de poursuivre l’écoute. À l’image de ce premier titre, l’album est rageux, plein d’énergie, noir, et putain que c’est bon !
Ought ne lâche pas la tension, et ne veut surtout pas que toi, tu lâches. Comme au deuxième tiers de Pleasant Heart, où les guitares résonnent encore, alors qu’autour, tout semble s’être éteint. Tu penses que la tempête est passée. Mais c’était se tromper ; les coups reprennent de plus belle.
Le quator formé à Montréal pendant le printemps érable des étudiants québécois, n’est pas là que pour gueuler. Il le prouve avec le morceau Today more than any other day, et son intro progressive de plus de deux minutes. Il ne faut pas trop non plus chauffer ces quatre gars là, le titre termine en exutoire post-punk.
Chaque morceau prend un chemin différent. Durant en moyenne près de six minutes, les chansons ont le temps de se construire, de tout détruire, et de repartir à bloc depuis des cendres encore brûlantes. La voix tordue du chanteur fait des merveilles sur Habit. Elle se décroche pendant les refrains de The Weather song, un des tubes incisifs de l’album. Le refrain apparait sans prévenir, comme quelqu’un qui rentre chez toi sans frapper. On sautille comme sur du Parquet Courts (Borrowed Time).
Si les tourments et les riffs de Deerhunter ne sont pas très loin (Forgiveness), c’est bien le propre foutoir d’Ought qui est à l’origine de cet album à la fois bancal et stable. Les boucles du synthé de Matt May viennent te percuter la tête, pendant que la batterie insuffle un rythme presque hypnotique (Around Again). La fin de l’album est tout autant chaotique, les quatre gamins ne semblent pas à cheval sur les bonnes manières.
C’est sur Gemini (coucou Wild Nothing) que l’album se clôt. Des cris plus énervés que celui en début d’album. Plus francs aussi. Comme le sentiment d’avoir balancer quelque chose de fiévreux. Quelque chose à ne pas mettre entre toutes les oreilles finalement.
Last modified: 12 août 2014