Beaucoup de duos gravitent autour de la création des Pirouettes. François et Marthe tout d’abord, un couple au destin malheureux et fiévreux dans le roman Le diable au Corps, né de la plume de l’auteur Raymond Radiguet, mort à l’âge de 20 ans. C’est à travers ce roman semble t-il que LeoBarCreek et VickyChérie se sont rencontrés. On évoque aussi Antoine et Colette, couple apparu chez Truffaut en 1962. Ce n’est pas vraiment un couple, mais une rencontre, plutôt douloureuse pour Antoine, et sans réelles attaches pour Colette.
Des histoires plutôt tragiques donc, et pourtant, The Pirouettes respire l’amour. L’amour naissant, coloré, électrique, juvénile. L’amour qui te brûle le corps, comme celui-ci qui te met des coups de poignard. Qui te fais rentrer chez toi tard le soir, un peu bourré, pour écouter des chansons qui font pleurer.
Le duo évoque dans son premier EP les rencontres autour de quelques verres (Le matin l’été Indien), la jeunesse d’aujourd’hui qui ne s’envoie pas des lettres comme au début du XXème siècle, mais des tweets ou des messages sur les réseaux sociaux (Hortensia Summer). Des gens d’aujourd’hui donc, mais avec des références ancrées quelques années en arrière : on y croise une photo de Ian Curtis, la voix de C-3PO ou le fantôme de France Gall.
Fiction ou réalité, les chansons des Pirouettes raconte t-elle l’histoire du couple de jeunes chanteurs ? Un mec en or qui rapporte une virée aux USA pourrait être le récit d’un journal de bord, puisque Leo et Victoria ont traversé l’Atlantique l’été dernier. On s’identifie clairement dans leurs chansons, avec des phrases et des situations simples, mais tellement touchantes.
On retrouve aussi dans plusieurs titres un certain recul de leur part, par exemple quand ils se citent eux-mêmes (Le matin l’été indien ou Un mec en or). On entend aussi le cri du singe présent sur la pochette de leur premier EP. Cette opposition entre l’innocence de leurs paroles et parfois leur attitude détachée est un mariage réussi.
Le dernier métro, est certainement LE tube de l’EP. Sur un rythme accéléré, on quitte une soirée complètement bourré pour réussir à choper le dernier métro. Dans notre course, on croisera les Rita Mitsouko (parfaitement intégré au titre), une jolie fille, et un mec qui nous proposera un spliff.
The Pirouettes – Le dernier métro
Les paroles de leurs chansons sont libres. Énumérer les jours de la semaine dans Oublie-moi, afin de signifier le temps qu’on passe à se morfondre pour quelqu’un, sans pour autant paraître enfantin, est une jolie prouesse. Ne cherchez pas des rimes à chaque phrase ou des alexandrins tous les trois vers. Les textes ne passent pas par quatre chemins pour vous faire oublier vos ex à la con ou pour vous raconter l’histoire d’Alex Murphy, alias Robocop.
Les synthés semblent avoir été traités dans tous les sens : ralentis, déformations, résonances, tout y passe. Les instruments clinquent et se reflètent les uns dans les autres comme une boule disco dans une boite de nuit. On pense évidemment à Elli & Jacno, télé-transporté dans les années 2010.
Sur Danser sous les cocotiers, The Pirouettes s’essaie au hiphop, fidèle à son univers coloré. Une histoire qui rend hommage à l’entourage du duo, nécessaire à leur évolution. L’EP ferme ses portes sur un remix de Island Kizhi. On lui doit une jolie chanson onirique, Purity. Il flirte ici avec les beats saccadés de No Ceremony /// et les plages électroniques de Teen Daze.
Si vous ne vous êtes pas encore amourachés des Pirouettes, je vous propose deux gagner deux EP, L’importance des autres. Tous les détails ci-dessous.
The Pirouettes seront en concert à l’Espace B (Paris) le 7 mars !