Vanessa Hudgens / Bikinis / Seins nus / Selena Gomez / Rap / Bling Bling.
En apparence, Spring Breakers n’était pas un film pour moi. Quatre filles en bikini placardées dans le métro depuis plusieurs semaines, une bande-annonce jouant sur le côté teen movie à fond. Rien pour me plaire donc.
Et puis, en lisant quelques avis à droite à gauche, en apprenant que le réalisateur, Harmony Korine, auteur de quatre longs métrages à tendance art et essais, est à l’origine du projet, il y’avait suffisamment de choses pour m’intriguer.
Je suis donc allé voir le film la semaine dernière. Il n’aura pas fallu longtemps pour prendre ma claque. Visuelle tout d’abord. Des jeunes dénudés sur une plage, couverts d’alcool, ouvrent le film. La scène est au ralenti. Les jeunes s’éclatent, et nous le font savoir avec leur doigt d’honneur et autre expressions envieuses. Le titre de Skrillex, Scary Monsters and Nice Sprites, balancé à pleine balle, se fond dans le décor avec ses voix suaves et longues plages électro, jusqu’à ce qu’une voix crie : OH MY GOD. La machine déraille, Skrillex triture les notes de musiques. La scène s’arrête, fini les images lubriques. Le film prend une autre dimension.
Dans la première partie du film on fait donc la connaissance des quatre héroïnes. Ce qui m’a plu, c’est la mise en scène. Les couleurs qui explosent littéralement. Jaune, vert, rose, bleu, pas un plan sans un reflet néon. C’est pop, et en découvrant que Harmony Korine s’est payé le chef opérateur de Gaspar Noé, on se dit qu’il n’y a pas de hasard.
La musique, présente dans 95% du film, fait aussi bien son boulot. Quasiment à chaque changement de scène, le bruit d’un rechargement d’armes à feu étouffe l’ambiance. C’est un bruit qui fait froid dans le dos, et auquel il va falloir s’habituer… Une voix off est souvent présente, le temps semble revenir en arrière, s’accélérer, les dialogues se répètent, on devine des images avant même que l’action se passe réellement. On comprend vite que la réalisation n’est pas banale.
A la moitié du film, l’histoire prend une autre dimension qui va surprendre. Certains spectateurs (à voir ceux qui ont quitté la salle) vont être laissés sur le bord de la route, d’autres au contraire vont totalement adhérer. Le film s’éloigne du Spring Break (bien que ça n’a jamais été le vrai sujet du film depuis le début), et va se concentrer sur le groupe des filles, leur attentes, leurs craintes, leurs envies. Le film monte d’un cran en violence, par cette magnifique scène qui se passe au fast food. Sans vouloir trop en dévoiler, je dois avouer que je suis resté scotché sur mon siège, dû à la violence des gestes et des propos. J’ai aussi été surpris par l’interprétation des jeunes actrices.
Et le film continuera à grimper en terme d’agressivité. Au sein du groupe, alors que certaines personnes décrochent, celles qui restent se voient assoiffées de pouvoir et de vengeance. On ne sait pas vraiment ce qui les motive, juste l’envie de s’enfermer dans une bulle, et de quitter ce monde rempli d’amphithéâtres, cours et autres choses ennuyantes.
Toujours sans en dévoiler, j’ai adoré la scène jouée au piano par James Franco (je n’écouterai plus Everytime de Britney de la même façon), suivi de tableaux au ralenti. La violence des images contraste avec la naïveté et la douceur de la chanson de Britney Spears. C’est gênant, car la violence devient quelque chose de beau et poétique. Comme sur un album de WU LYF, la rage est communicative. Notre corps se met lui aussi à trembler. La dernière scène, apothéose par excellence, est aussi un bijou visuel. Quand le générique s’est affiché, j’ai été le premier surpris par la claque que je venais de me prendre.
Et apparemment, je n’étais pas le seul. Je suis allé voir le film deux fois et plusieurs personnes ont quittés la salle à chaque séance. Pour plusieurs raisons je pense.
D’abord, des gens se sont clairement emmerdés, s’attendaient à voir un film à la Projet X ou Fast & Furious, un film pop corn, pour se détendre entre potes, baver sur les bikinis, et s’imaginer boire des litres d’alcool au soleil. Ces gens là rigolaient à la fin du film, et criaient REMBOURSEZ !
D’autres ont du quitter la salle choqués par la violence des images et des propos. Il est d’ailleurs étonnant de voir ce film interdit uniquement au moins de 12 ans. Ce n’est pas étonnant si pendant l’avant première Parisienne, des parents et leur enfants, fans des jeunes actrices venant du monde Disney à la base, ont quitté la salle précipitamment.
Bande-annonce pas représentative
Trailer un peu plus représentatif
Le film m’a plu pour plusieurs raisons. Sa mise en scène, ses images, ses couleurs, sa bande originale qui une fois secoués ensemble, en font un orgasme visuel et sonore. Sur ce point, on pense évidemment au film Drive. Pour le propos et la violence, j’ai pensé à Elephant. Je ne compare pas la mise en scène de Gus Van Sant à celle de Harmony Korine, mais c’est cette violence gratuite présente dans les deux films qui m’a fait rapproché Spring Breakers à la tuerie de Columbine.
J’ai aussi aimé le fait qu’Harmony Korine ait su mélanger plein d’éléments incompatibles (James Franco, la violence, les actrices Disney, le sexe, les armes, Britney Spears) pour un faire un bloc cohérent et dévastateur. Il semblerait qu’en France, les distributeurs aient un peu caché ce côté sombre du film, pour attirer tous les publics (adolescents, fans des actrices, etc). Je ne vais pas leur reprocher d’avoir un peu faussé la promo du film sur le contenu, puisque pour ma part la surprise a été de taille, et j’ai été secoué, mais à voir les réactions de plusieurs personnes dans les cinéma (jeunes adolescents), je ne suis pas sûr que cela soit utile.
Pour conclure, si vous n’aimez pas l’affiche, le casting, et la bande-annonce, courez-voir le film :)
Et pour ceux qui veulent regarder 1h30 de pur Spring Break, regardez Enquête Exclusive le dimanche soir, Bernard de La Villardière vous expliquera tout ça.
Harmony Korine James Franco Selena Gomez Spring Breakers Vanessa Hudgens
Last modified: 29 décembre 2015