Avec Jeanne Cherhal, Bertrand Betsch fait partie des premiers artistes qui m’ont permis d’écouter et de découvrir la musique autrement : non plus en écoutant les tubes que les radios et TV passent en boucle. Avec eux, j’ai appris à être curieux, à m’intéresser à leur famille musicale, et notamment aux labels indépendants.
J’en ai déjà parlé, je connais Bertrand Betsch depuis près de 7 ans, avec la sortie de l’album Pas de bras, pas de chocolat. Il m’a fallu peu de temps pour découvrir son majestueux premier album : La soupe à la grimace. Un des meilleurs albums de chanson française.
Depuis La chaleur humaine, Bertrand Betsch était ré-apparu sur le net, et a publié un EP d’inédits extraits de La soupe à la grimace, ainsi qu’un autre album d’inédits, Je vais au silence.
Nous sommes en 2011, l’automne est déjà là, et Bertrand Betsch vient de sortir son cinquième album studio, Le temps qu’il faut, sous son propre label 3h50.
Bertrand Betsch ne jouit pas d’une grande médiatisation, malheureusement. La consécration est arrivée avec l’album Pas de bras, pas de chocolat, en 2005, et la nomination au Prix Constantin. Depuis, il trace son chemin loin des projecteurs.
Son nouvel album, Le temps qu’il faut, contient des titres déjà publiés sur internet précédemment, notamment Pour une chance et Les figurants. La plupart du temps, il est accompagné par la voix de Nathalie Guilmot, déjà présente sur La chaleur humaine, puisqu’elle y chantait en duo sur Les vents contraires et Ô les beaux jours. Son nom apparait d’ailleurs sur la pochette en tant que featuring…
Des chansons rythmées, comme Pour une chance, aux chansons plus douces à l’instar de La voix du vent, Bertrand Betsch s’intéresse au temps qui passe. Les mélodies sont toujours efficaces, bien que seulement créées à partir d’une guitare acoustique, un orgue de chambre (que j’aime particulièrement chez lui), un piano et quelques percussions.
Les voix ne sont pas toujours justes, celle de Bertrand Betsch à tendance à tirer vers le haut sur certains titres (Des journées dans les arbres) mais l’émotion est là, intacte, et c’est tout ce qui compte. Sa voix agit comme une madeleine de Proust pour ma part, et me renvoit avant mes 20 ans, à l’époque où je l’avais vu gratuitement dans un bar de Tours un soir d’hiver.
Avance encore est le tube de l’album. Rythmé, dynamique, ce titre possède un refrain qui devient vite entrainant.
Avance, avance, même s’il n’y a rien à voir
Avance, avance, même s’il n’y a rien à voir
Avance, avance encore
Avance, avance, même s’il est trop tard
Avance, avance, avance, avance encore
L’avenir est devant est beaucoup plus doux, tout comme Se souvenir des belles choses, où l’orchestration minime laisse place à l’émotion de la voix de Bertrand Betsch.
Peut-être que l’orchestration de La soupe à la grimace me manque un peu, là chaque chanson apportait son lot de surprise niveau arrangement. Le piano tragique d’A l’ouverture des miroirs, la folie de La complainte du psycho-killer ou la simplicité Des rendez-vous manqués font que son premier album est un de mes préférés.
Le Temps qu’il faut est un album un peu plus acoustique, avec beaucoup de sincérité, et Bertrand Betsch a su le temps d’un album, arrêté le temps qui passe.
Pour les curieux, Bertrand a donné une longue interview au site Bubzine. Il y évoque ses traversées du désert, la difficulté à se faire produire, le cinéma, la musique, etc. Très intéressant.
Je lui souhaite de sortir des disques pendant encore longtemps.
Les dates de ses concerts à venir sont disponibles ici. L’album est en écoute sur Deezer et sur iTunes.
PS : Une chronique sur Bertrand Betsch est passée ce matin sur France Inter, c’est bien trop rare pour le souligner ;)